Madame D, D de Déréliction, vit dans un réduit sous l'escalier de sa maison.

Madame D exhibitionniste hurle à la fenêtre et fait peur aux enfants.

Madame D ne pactise pas avec les gens, avec le monde.

Madame D, dans un rappel désastré de soi, essaie de comprendre la pénombre, la cruauté.

Le monde de Madame D et sa tentative de compréhension de ce qui l'entoure pose la question de la représentation et de l'être social : jusqu'à quel point sommes-nous capables d'être ceux que nous devons être ? A partir de quel point devenons-nous ceux que nous sommes profondément ?

Madame D a choisi : l'être social s'est effacé pour laisser la place à son être, son âme, sa conscience.

A l'instar de Carnaval et de ses mascarades qui sanctionnent la nécessité du passage d'un état à un autre (d'une saison à une autre, d'un règne à un autre, d'une génération à une autre), la maison de Madame D abrite une grande densité rituelle. La prose de Hilda Hilst nous livre une Madame D qui a suivi le passage de l'être social à « l'individu-femme ».

L'obscène Madame D est un long poème en prose qui chemine entre lyrisme et réalisme exacerbé ; sa forme évoque "La prose du Transsiberien" de Blaise Cendrars. Ce texte particulièrement musical ouvre un gouffre vertigineux qui agit comme une formidable caisse de résonance : une interaction texte-musique de tous les instants, la musique en tant qu'élément fondateur de la dramaturgie.